La lettre à un père disparu

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Tout au long des événements d’Algérie, de 1954 à 1963, et notamment après les accords d’Evian du 19 mars 1962, des milliers d’hommes et de femmes ont disparu et n’ont, pour la plupart, jamais été retrouvés.
Ces victimes, civiles dans leur immense majorité, des terroristes du FLN resteront l’un des drames les plus cruels de ce conflit.
À la guerre des hommes succèdera celle des chiffres : le gouvernement français de l’époque reconnaîtra pudique-ment 3000 Pieds-Noirs disparus alors que selon d’autres sources, ils auraient été beaucoup plus nombreux.
Le 5 juillet 1962 à Oran restera le jour le plus sombre de cet horrible drame. La chasse aux Européens y prit des allures de solution finale.
Peu importe le bilan exact d’une comptabilité macabre et déplacée. Ils ont été des milliers à être enlevés, torturés, massacrés.
Et ce terrorisme de pirates n’a pas frappé que les Pieds-Noirs. Ainsi, parmi les Harkis, ce sont plus de 100 000 hommes qui ont perdu la vie dans les mêmes conditions.
Plus de quarante ans après la fin de la guerre d’Algérie, le Cercle algérianiste a eu le grand mérite de rouvrir publi-quement le dossier des disparus et de rendre hommage à ces innombrables victimes en rappelant leurs noms et leurs visages, en les sortant enfin de l’anonymat des froides sta-tis¬tiques. Mais il a aussi pensé à honorer leurs familles pour lesquelles le gouffre immense de l’absence et de l’angoisse n’a jamais pu se refermer dans la sérénité.
Puisse cette modeste évocation du drame des disparus de l’Algérie française contribuer au devoir de mémoire que méritent nos trop nombreux compatriotes de toutes origines disparus entre 1954 et 1963.